- LYSIPPE
- LYSIPPELYSIPPE (\LYSIPPE 390 env.-env. \LYSIPPE 305)Dernier des grands sculpteurs grecs dont le nom nous soit parvenu, Lysippe est, comme ses prédécesseurs, mieux connu par les textes (voir P. Moreno, Testimonianze per la teoria artistica di Lisippo , éd. Canova, Rome, 1973; ibid. , Lisippo I , Dedalo Libri, Bari, 1974) que par ses œuvres (F. P. Johnson, Lysippos , Duke Univ. Press, Durham [N.C.], 1927 [repr. 1968]; C. Picard, Manuel d’archéologie grecque. La sculpture IV , A. et J. Picard, Paris, 1963, pp. 423-753; Lysippe et son influence , études de divers savants, réunies par J. Chamay et J.-L. Maier, Hellas et Roma, Genève, 1987). Sa très longue vie coïncide presque exactement avec le \LYSIPPE IVe siècle: né au début du siècle à Sicyone, petite ville du nord du Péloponnèse célèbre pour le travail du bronze, il est mort vers \LYSIPPE 305 dans un monde grec métamorphosé par les conquêtes d’Alexandre et les monarchies fondées par ses successeurs. Son œuvre très diverse, que les Anciens n’évaluaient pas à moins de mille cinq cents statues, reflète bien cette grande mutation historique: encore classique par certains aspects, elle est déjà pleinement hellénistique par d’autres côtés, ce qui lui a valu d’être incessamment reprise et variée durant les siècles suivants. Lysippe, fidèle à la tradition péloponnésienne, fut exclusivement un bronzier.Deux copies de statues d’athlètes — Agias (musée de Delphes) et l’Apoxyomène (Vatican) —, créées entre \LYSIPPE 340 et \LYSIPPE 330, nous donnent une idée assez précise de sa conception de la figure masculine nue, sujet privilégié de la sculpture classique: héritier de Polyclète et classique encore, Lysippe l’est ici par le formalisme et l’inexpressivité, mais les proportions du corps sont plus élancées (la tête représente un huitième du corps, au lieu d’un septième), les silhouettes plus sveltes et surtout campées dans l’espace de telle sorte qu’aucun angle de vue n’est désormais privilégié.Autre registre de la sculpture classique, que Lysippe renouvela en partie: les figures divines. Ses statues d’Héraclès — colossales comme à Tarente (18 m de hauteur) ou miniatures comme l’Héraclès Épitrapézios (meilleure copie au musée archéologique de Naples) — eurent un immense succès qu’atteste le nombre de copies retrouvées; la mieux connue de nous est l’Héraclès Farnèse (musée archéologique de Naples). Leur pathos presque expressionniste traduisait bien le trouble d’une époque dominée par la figure d’Alexandre — nouvel Héraclès, dont Lysippe devint le portraitiste exclusif en sculpture.Avec ses portraits d’Alexandre (Hermès Azara , du Louvre), Lysippe a créé le portrait royal, l’un des rares genres nouveaux de la sculpture hellénistique. À l’idéalisation et à la retenue des portraits classiques, il substitue une intensité dramatique qui transfigure le conquérant, contribuant ainsi à la formation du mythe d’Alexandre, qui se prolongera au-delà de l’Antiquité (M. Bieber, Alexander the Great in Greek and Roman Art , Argonaut Publ., Chicago, 1964).Lysippe est enfin l’auteur de grands groupes dramatiques, dont la virtuosité et l’ampleur ont beaucoup contribué à sa renommée: à Delphes, sans doute le Quadrige du Soleil sortant des flots , ex-voto des Rhodiens, et sûrement la Chasse d’Alexandre , ex-voto du général Cratéros réalisé en collaboration avec Léocharès; à Dion, le Sacrifice de la Garde montée à la bataille du Granique, ex-voto d’Alexandre lui-même.Cette activité si diverse a été prolongée par les fils et les élèves de Lysippe, dont le plus célèbre est Charès de Lindos, auteur du Colosse de Rhodes créé vers \LYSIPPE 290 et renversé en \LYSIPPE 228 par un tremblement de terre. La veine lysippéenne constitue ainsi l’une des composantes essentielles de la sculpture hellénistique.Lysippe(v. 390 - apr. 310 av. J.-C.) sculpteur grec; le dernier des grands maîtres de l'époque classique.
Encyclopédie Universelle. 2012.